Après l’annonce de la suppression de 64 postes par le groupe Barrière, les employés s’organisent pour contrecarrer cette décision avec l’organisation d’une cagnotte et d’une visite chez le maire.
Des employés à l’agonie
Les employés du casino d’Enghien-les-Bains dans le Val-d’Oise, qui est par ailleurs le premier Casino de France, ont la ferme intention de riposter farouchement contre leurs licenciements en cours. En effet, le groupe Barrière a annoncé en fin de mois de janvier que 64 postes sur les 600 disponibles seront supprimés dans le cadre d’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE). Une suppression qui concerne majoritairement les secteurs de la restauration et l’hôtellerie. Mais y passeront aussi les jeux de tables et les employés de services annexes au casino tels que les voituriers, les vestiaires. Le groupe estime que ce plan s’inscrit dans un programme d’économie global.
Une nouvelle qui fait l’effet d’un couperet chez les employés. Une dame, employée du grand hôtel qui a requis l’anonymat déclare qu’il s’agit là d’une trahison. Elle poursuit en disant que les conditions de travail étaient déjà assez difficiles jusqu’ici. Il leur avait été demandé d’attendre en leur disant que des projets de reconstructions existent. Elle s’étonne donc de l’annonce des licenciements et trouve cela catastrophique. Pour elle, les activités vont bien reprendre un jour et à chaque réouverture les gens revenaient.
Elle finit par regretter le manque d’informations dans le groupe, elle affirme que les employés sont dans le doute et c’est une situation psychologiquement difficile. Elle finit par s’inquiéter au vu de la situation dans le secteur de l’hôtellerie en ce moment, trouver un autre emploi sera très compliqué.
L’Hôtel du Lac bientôt fermé
Le même sentiment d’amertume est perceptible chez un employé de l’Hôtel du Lac qui lui aussi a requis l’anonymat. Il est employé dans la structure depuis plus de 10 ans. Mais l’établissement devra très bientôt fermer ses portes, ce qui causera la mise au chômage de 24 salariés.
Il déclare notamment à ce sujet que la moyenne d’âge des employés à l’hôtel du lac est de 45 ans et l’ancienneté moyenne est de 10 ans. La plupart des employés sont des responsables de famille avec des enfants. Il regrette que ces paramètres ne soient pas pris en considération. Il est persuadé que beaucoup prendront mal la situation, car ce sont les petits salaires qui seront mis à la porte. Les syndicats ont suggéré aux employés de démissionner volontairement, une idée rejetée par ces derniers. Il poursuit en disant que certains employés sont à 3 ans de prendre leur retraite. Ces derniers auraient pu accepter de partir si et seulement si des discussions avaient été engagées, mais rien. Il voit en cela comme d’autres employés, un manque de reconnaissance.
Il avoue que les employés de cet hôtel produisent plus de 20% du chiffre d’affaires du groupe Barrière. Et il s’étonne qu’il soit le site le plus touché. En 2019, les revenus bruts du casino d’Enghien dépassaient les 160 millions d’euros, mais pour l’année 2020, la direction du casino annonce des pertes énormes.
L’entraide est de mise entre les employés, même ceux qui ne sont pas au premier abord concernés par les licenciements. Une employée du casino ancienne de 20 ans déclare que les gens sont dans l’attente pour savoir s’ils seront dans la liste des licenciés. Elle s’interroge tout de même sur la réouverture du casino lorsqu’on supprime des services entiers. Elle s’étonne du fait que les vestiaires soient supprimés, car selon elle il n’existe pas de casino sans vestiaires. Elle estime que ceux qu’on considère comme des gens en première ligne pendant la crise sont en réalité les premières lignes du casino, elle se dit écœurée que ce soient des employés qui ont du mal joindre les deux bouts qui seront licenciés.
Certains entrevoient déjà la survenue d’un second plan social qui fera plus mal le premier. Un employé est même persuadé que finalement près d’une centaine de personnes seront licenciées.
Une quête pour les actions judiciaires
Les syndicats quant à eux se battent pour empêcher l’application du plan, en se basant notamment sur les aides octroyées par l’État au groupe Barrière. Une quête a été lancée sur Internet pour récolter les frais afin de solder les avocats. Cette quête a déjà engrangé 3500 euros. Mickaël Da Costa, délégué syndical CGT confirme qu’ils iront devant le tribunal pour s’opposer à ces licenciements.
Certains déplorent le manque de soutien. Pour l’instant, seule la députée (LFI) Clémentine Autain de Seine-Saint-Denis, qui est par ailleurs aussi candidate aux élections régionales, a saisi le ministre de l’Économie et des Finances à ce propos.
Une commission a été reçue par le maire (DVD), Philippe Sueur. Ladite délégation a demandé au maire qu’une clause soit inscrite dans le contrat de délégation de service public (DSP) qui unit la ville et le groupe Barrière. Le maire explique alors que la situation est généralisée et tous les casinos vivent la même situation. Il rassure néanmoins qu’il est à l’écoute, mais l’essentiel pour lui est la réouverture des casinos quand la situation sanitaire sera favorable. Il poursuit en disant que dans le plan de sauvegarde, le mot sauvegarde est essentiel, et termine en affirmant qu’il n’y a jamais eu de dispositif social dans la DSP et que cela n’est pas près d’arriver.
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